Rappel du sujet du CNRD :

Répressions et Déportations en France et en Europe, 1939-1945, Espaces et histoire.

Problématiques choisies :

- Dans quelle mesure les répressions dont la forme la plus meurtrière la déportation impactent-elles à toutes les échelles la France et l'Europe de 1939 à 1945 ?

- Comment, pourquoi, dans quel contexte, à quels moments historiques, avec quelles particularités se multiplient-elles et évoluent-elles au cours de cette période ?

Remarques préalables :


Remarque n°1 : Lors de la toute première séance de travail, les professeures en charge de cet atelier avaient élaboré une première version très imparfaite et très incomplète de la fresque dans le but que tous les élèves comprennent bien l’œuvre qu'ils avaient à concevoir et à créer de toutes pièces. Le visuel ci-dessous ne correspond donc pas au résultat final.

 

Les élèves ont en effet eu toute la liberté de la réorganiser et de la compléter ainsi que toutes les connaissances nécessaires pour trouver et choisir par eux-mêmes photos d’époque, dessins réalisés par les déportés ou tout autre document qu’ils voulaient exploiter, analyser et mettre en valeur.

Première version de la fresque :

 

 

 

 

Image projetée aux élèves 

lors de la première séance de travail

Beaucoup d'élèves ont aussitôt critiqué cette première ébauche en proposant une autre présentation. Au lieu d'avoir les deux grandes parties Répressions et Déportations l'une sur l'autre, ils ont formulé le souhait de les voir l'une à côté de l'autre, afin de gagner en lisibilité, en pertinence et en logique.

Remarque n°2 : Les élèves sont vite tombés d'accord sur le fait que la fresque devait avoir comme toile de fond un tissu rayé blanc et bleu, rappelant la tenue des déportés.

 Remarque n°3 : A été décidé que la fresque restera volontairement centrée sur les répressions et déportations de l'Allemagne nazie, entre autres pour des contraintes de réalisations techniques ainsi que pour respecter la volonté des élèves.

Ces derniers sont néanmoins tous conscients (car étudié au cours de la séquence n°1) que l'URSS de Staline en mena aussi contre tous ceux qu'elle considérait comme ses ennemis mais suivant des objectifs différents des nazis.

Vision générale :


Suite aux multiples recherches documentaires menées par les élèves, à leur lieu d'habitation, à leurs réactions, à leurs remarques, à leurs souhaits et à leurs réflexions, la fresque a fortement évolué et s'est enrichie.

Élèves en pleine recherche documentaire :

Séance de mise en commun et de réflexion collective :

Moment de réflexion entre élèves :

Deux niveaux de lecture à quatre échelles :

 

Afin d'articuler espace et histoires, la fresque met en scène plusieurs niveaux de lecture : un premier lié à l'histoire nationale et européenne ouvrant sur un second en lien avec l'histoire départementale et locale.

Niveau de lecture n°1 : Répressions et Déportations à l'échelle nationale et européenne.

Ces douze documents (onze photographies et un dessin) des échelles nationale et européenne sont cousus sur un seul côté. Ils s'ouvrent comme les pages d'un livre et sont maintenus fermés à l'aide d'un bouton en forme de tête de mort, rappelant entre autres les symboles des uniformes des SS.

 

Dessous apparaissent douze autres documents cette fois en lien avec l’histoire départementale et locale (changement d’échelle, deuxième niveau de lecture).

Niveau de lecture n°2 : Répressions et Déportations à l'échelle départementale et locale.

Sur les bordures de la fresque :

Sur les bordures de la fresque apparaissent les victimes des répressions et des déportations en France et en Europe symbolisées par le système de marquage utilisé par les nazis pour identifier la cause de l'incarcération des prisonniers dans les camps ainsi que leurs origines géographiques (il est à noter qu'au fur et à mesure des annexions et des conquêtes militaires, les camps se peuplent de détenus parfois de plus de 22 nationalités différentes), afin de distinguer déportations de répression et déportations de persécution, de mettre en valeur la pluralité des victimes (opposants politiques au régime, juifs, tziganes, homosexuels, éléments "asociaux", etc) et des finalités (idéologiques, sécuritaires, militaires, etc).

19 de ces symboles sont en réalité des poches dans lesquelles sont insérés les éléments suivants :

- le massacre de Berditchev, au sud de Kiev, où, dans la nuit du 14 au 15 septembre 1941, environ 12 000 Juifs, femmes et enfants compris, y sont massacrés par groupes de 40 au bord d’immenses fosses,

- le massacre de Babi Yar, près de Kiev, qui est le plus grand massacre par balles mené par les Einsatzgruppen. 33 771 Juifs furent assassinés principalement par le 201e bataillon Schutzmannschaft, les 29 et 30 septembre 1941, aux abords du ravin de Babi Yaret,

- le village grec de Kalavryta où, le 13 décembre 1943, pour venger la mort de 81 soldats, la Wehrmacht abat plus de 1 436 habitants, avant de mettre le feu au village et au monastère,

Transposant sur le front de l'Ouest, des pratiques courantes sur front de  l'Est :

- Oradour-sur-Glane en Haute-Vienne où, le 10 juin 1944, 642 villageois sont massacrés par la Panzerdivision Das Reich,

- le village de Distomo où, le 10 juin 1944 également, les Waffen-SS de la 4e division SS Polizei Panzergrenadier assassinèrent 218 civils grecs, afin de se venger d'une attaque de résistants,

- Tulle en Corrèze où, en , la Wehrmacht, la Waffen-SS et des membres de la Sipo-SD font 213 victimes civiles,

- Maillé en Indre-et-Loire, à 40 km de Tours, où, en aout 1944, en représailles aux actions de résistance locales, 124 personnes sur les 500 habitants dont 35 hommes, 41 femmes et 48 enfants de moins de 14 ans sont massacrés par les nazis. Sur les 60 habitations du bourg, 52 sont partiellement ou entièrement détruites,

- le massacre de Marzabotto, près de Bologne où, après la libération de Florence, du 29 septembre au 5 octobre 1944, la Waffen-SS assassina plus de 700 Italiens.

Ces massacres de "représailles" de l'été 1944 ont essentiellement été perpétrés par la Waffen-SS, où se trouvaient les unités les plus brutales et les plus endoctrinées.

 

- le nom, le portrait et la biographie de quelques déportés, hommes et femmes, français et européens, comme le communiste René Trillault de Montereau-Fault-Yonne qui fut pris le 19 octobre 1941 comme otage en représailles des distributions de tracts et des destructions de récolte dans le département et qui fit parti du convoi du 6 juillet 1942 dit des 45 000 à destination d'Auschwitz, André Sephiha de Provins qui est, sous l'Occupation, cheminot et plus précisément conducteur de chemins de fer secondaires, résistant communiste et juif, déporté le 13 février 1943 à Auschwitz, l'exceptionnelle Adélaïde Hautval, Germaine Tillion, résistante héroïque, avant d'être capturée et déportée au camp de Ravensbrück, en octobre 1943, Simone Veil qui fut déportée à l'âge de 16 ans à Auschwitz sur le seul fait d'avoir été juive, Margot Frank et sa sœur cadette Anne, toutes deux juives allemandes et mortes à Bergen-Belsen.

 

- le nom, le portrait et la biographie de victimes françaises et européennes, résistantes ou pas, emprisonnées, torturées ou fusillées comme Guy Môquet, jeune communiste abattu à l'âge de 17 ans, Jean Moulin qui dirigea le Conseil national de la Résistance (CNR) et qui était le représentant du Général de Gaulle en France, chargé d'unifier les différents mouvements de la Résistance intérieure, le grand résistant Pierre Brossolette ainsi que Louis Hogganvik, un ouvrier textile norvégien, arrêté, le 10 janvier 1945, pour activités communistes et effroyablement torturé. Il se suicida le 27 janvier 1945, pour échapper à son supplice et ne pas donner d'informations.

 

Tous ces massacres et tous ces portraits mettent en avant et illustrent certaines grandes lignes de force du sujet du CNRD, et notamment les multiples formes et la brutalisation des répressions qui se généralisent petit à petit à toute l'Europe dominée par les nazis, l'internationalisation et la pluralité des victimes des répressions, ainsi que les trois grandes phases de ce conflit majeur du XXe siècle.

 

En outre, des étoiles jaunes avec l'inscription en plusieurs langues de "juif" sont également cousues (rappel de l'échelle européenne).

Trois d'entre elles sont aussi des poches, dans lesquelles sont placées trois petites poupées en feutrine représentant Jacques Halpern, Hans-Helmut Michel et Maurice Schlosser, trois enfants juifs cachés dans le collège des Carmes d’Avon par le Père-Jacques, arrêtés le 15 janvier 1944, déportés à Auschwitz-Birkenau et assassinés par gaz le jour de leur arrivée le 6 février 1944. Afin de les reconnaitre, l'initiale de leurs prénoms est brodée, en jaune, sur chaque poupée : un J pour Jacques Halpern, un H pour Hans-Helmut Michel et un M pour Maurice Schlosser.

Jacques Halpern, Hans-Helmut Michel et Maurice Schlosser :

Poupées réalisées par Mayliss, élève de terminale CAP.

Travail de Mattéo, élève de MMV2 :

Des rails de chemin de fer :

 

Afin d'articuler répressions et déportations, ont été brodés, en rouge, des traits ainsi que des inscriptions représentant des rails de chemins de fer, symboles de la déportation, sur les deux grandes parties de la fresque.

 

Ces rails sont aussi une stylisation chronologique des années 1939 à 1945.

Pour la partie Répressions :

Les objectifs sont ici de montrer la disparition de la démocratie en Europe, de caractériser les régimes totalitaires et autoritaires afin de montrer comment et pourquoi les répressions et les déportations se sont développées, d'identifier les principaux acteurs et de réfléchir sur la question de la responsabilité.

 

Concernant les rails du haut :

Trait du haut (1) : est brodée en premier la devise républicaine Liberté, Égalité, Fraternité.

Puis Blitzkrieg, Armistice, Ligne de démarcation, Occupation, Régime de Vichy, Régime autoritaire, Propagande, Maréchalisme, Révolution nationale, Travail, Famille, Patrie, Collaboration d’État, Collaborations, Relève, Service du Travail obligatoire, Réseaux et Mouvements de Résistance, Procès spectacles et arbitraires, Fusillés du Mont Valérien, Statuts des Juifs, Rafle du Vel d'Hiv, camp de transit de Pithiviers.  

 

Trait du bas (2) : est brodée en premier République de Weimar.

Puis Régime totalitaire, Marche sur Rome, Coup d’État, « Lois fascistissimes », Chancelier, IIIe Reich, Parti unique, NSDAP, Parti national fasciste, Grand Conseil du fascisme, Duce, Führer, Pleins pouvoirs, Führerprinzip, Contrôle de la société, Terreur, Refus de toutes formes d'opposition, Nationalisme, Espace vital. (Caractéristiques politiques)

 

Concernant les rails du bas :

Trait du haut (3) : est brodée en premier Démocratie.

Puis Idéologie, Ein Volk, ein Reich, ein Führer, Nazisme, Fascisme, Culte de la personnalité, Embrigadement, Mein Kampf, "Homme nouveau", Soumission, Jeunesses hitlériennes, Invasions, Annexions, Anticommunisme, Antisémitisme, Homophobie, Décret Nacht und Nebel, Épuration, Génocide, Aktion T4. (Conceptions idéologiques)

 

Trait du bas (4) : sont brodés Wehrmacht, Sipo-SD, Schutzstaffel (SS), Panzerdivision Das Reich, Gestapo, Milice, LVF, Einsatzgruppen, Hitler, Mussolini, Eichmann, Touvier, Bousquet, Papon, Heydrich, Himmler, Klaus Barbie, Rudolf Höss, le norvégien Vidkun Quisling, le tchèque Jozef Tiso. (instruments et acteurs des répressions et des déportations).

Pour la partie Déportations :

Les objectifs sont ici de localiser et de caractériser le génocide et les déportations ainsi que d'établir des liens avec l’avènement des Droits de l'Homme et la Construction européenne.

 

Concernant les rails du haut (1) :

Ont été brodés Dachau, Buchenwald, Ravensbrück, Sobibor, Bergen-Belsen, Auschwitz-Birkenau, Struthof, Mauthausen, Dora, Treblinka, Neuengamme, Sachsenhausen, Chelmno, Vaivara, Klooga, Jedem das Seine, Arbeit macht frei, Procès de Nuremberg, Crimes contre l’Humanité, imprescriptibilité.

 

Concernant les rails du bas (2) :

Ont été brodés Génocide, Conférence de Wannsee, "Solution finale", Extermination, Déshumanisation, Convois, Wagons à bestiaux, Tatouage, Zyklon B, Chambres à gaz, Industrialisation de la mort, Meurtre de masse, Violences, Travail forcé, main d’œuvre servile, « Marches de la mort », Travail de Mémoire, Déclaration universelle des Droits de l’Homme, Réconciliation, Construction européenne.

Organisation de la fresque :


La fresque s’organise autour de deux grandes parties :

  • À gauche de la carte de l'Europe, la partie Répressions,
  • À droite de la carte de l'Europe, la partie Déportations.

Rappel : Les liens et les interactions entre ces deux parties s'établissent visuellement sur la fresque notamment grâce aux rails de chemin de fer et aux écritures brodées toutes deux en fil rouge ainsi qu'à une carte de l’Europe concentrationnaire située au centre de la fresque.

Partie Répressions, échelles nationale et européenne

A propos des documents retenus :

Le document n°1 est conservé au Dom Spotkań z Historią (archives historiques de Pologne).

Le document n°2 est une photographie prise par les bourreaux eux-mêmes, à Minsk, le 26 octobre 1941.

Le document n°3 est une photographie prise à partir de l'enregistrement filmé par les Allemands du Procès de la Maison de la Chimie et diffusé pour renforcer le caractère exemplaire de la répression et impressionner le public (propagande), d'où le souci de la mise en scène avec notamment la présence centrale du drapeau nazi. Ce film a été retrouvé dans une cinémathèque allemande en 1984.

Le document n°4 est une photographie de 1942 prise par les Allemands, en Ukraine.

Le document n°5 est la seule photographie connue et authentique prise lors de la Rafle du Vel d'Hiv. On y voit des bus réquisitionnés débarquant des victimes de la Rafle devant l'entrée du Vel d'Hiv.

Le document n°6 est une photographie prise par les Allemands, en aout 1944. Elle est conservée aux Archives fédérales allemandes (Bundesarchiv).

L'objectif de cette partie est ici de montrer la diversité et l'évolution des formes de répressions en France et en Europe ainsi que leurs particularités.

 

Ces six documents permettent également d'identifier et de mettre en valeur trois grandes périodes historiques :

 

Septembre 1939-Juin 1941 : Exclusion et répression, essentiellement en Europe de l'Ouest (et, dès les avancées de la SS et de la Wehrmacht, en mai-juin 1940, notamment, en France, contre les tirailleurs africains et contre des civils dans le Nord du pays) mais aussi en Pologne, premier pays occupé, avec la mise en place d'une politique antisémite par le IIIe Reich dès l'hiver 1939, l'élimination des élites et la création du Ghetto de Varsovie en 1940 (document n°1).

A l'Est, les nazis font preuve d'une brutalité systématique contre tous ceux qui sont vus comme des ennemis potentiels.

A l'Ouest, la priorité est alors au maintien de l'ordre, les répressions pouvant y sanctionner ceux qui la refusent.

 

Été 1941-1943 : Extension du conflit qui devient mondial. Évolution en "guerre totale". Intensification des répressions (condamnations à mort, déportations d'otages, etc) avec mise en place et renforcement de nouvelles procédures pour tenter de contenir les mouvements de résistance et d'opposition (surtout gaullistes et communistes) dans toute l'Europe occupée (avec, par exemple, la multiplication des maquis en France en 1943), alors que le processus d'extermination des juifs s'y généralise.

Guerre d'anéantissement marquée par un déchainement des violences en Europe centrale et orientale, suite à l'opération Barbarossa, contre les juifs avec les Einsatzgruppen dont la mission est de traquer et d’exécuter tous ceux considérés comme ennemis politiques et "raciaux" qu'ils soient juifs, tsiganes, handicapés,  partisans, etc (document n°4), la poursuite de la politique de ghettoïsation en Biélorussie, Ukraine, etc, la "guerre contre les partisans" ou contre tous ceux que la Wehrmacht juge comme tels (document n°2) mais aussi contre les prisonniers de guerre soviétiques et les tsiganes, et, en Europe de l'Ouest, avec, entre autres, la collaboration et la répression de l’État français, mentionnées sur la fresque avec le Procès de la Maison de la Chimie et la Rafle du Vel d'Hiv (documents n°3 et n°5).

 

1944-1945 : Le conflit tourne à l'avantage des adversaires de l'Allemagne nazie dont la violence s’exacerbe au fur et à mesure qu'approchent les forces alliées, notamment, à l'Ouest, avec le débarquement des Alliés le 6 juin 1944 en Normandie qui déclenche une multiplication des actions de résistance. D'où un déchainement répressif des violences. Terreur et répressions tous azimuts à l'Ouest, caractérisées par une pression policière allemande et française de plus en plus forte et qui multiplie, par exemple, les opérations de ratissage pour liquider les maquisards et ceux qui les aident, et à l'Est, avancée de l'Armée rouge qui provoque le repli et la retraite des Allemands, évoquées ici par le massacre des civils en Russie centrale (document n°6).

Les représailles répressives et la folie meurtrière contre les populations s'intensifient partout (Grèce, Italie, etc).

Partie Déportations, échelles nationale et européenne

Concernant les documents sélectionnés :

Le document n°1 est une photographie prise en 1939, par les Allemands, dans le centre de la Pologne.

Le document n°2 est une photographie d'octobre 1941 prise au camp de Mauthausen. Elle est aujourd'hui conservée aux Archives fédérales allemandes (Bundesarchiv).

Le document n°3 est un dessin de David Olère, extrait de Un génocide en héritage - Alexandre Oler, Tableaux de David Olère, Survivant des Sonderkommandos, éditions Wern, 1998.

Le document n°4 est une photographie de 1942 consultable sur le site internet de l'United States Holocaust Memorial Museum. On y voit un homme avec une étoile jaune cousue sur le côté droit du dos, conformément à la législation de l'époque imposée dans les espaces annexés par l'Allemagne nazie. Ce même homme en porte forcément une seconde cousue sur le côté gauche de la poitrine.

Le document n°5 est consultable sur le site internet de Mémoire Vive.

Le document n°6 est une photographie prise au camp de Bobrek crée par la compagnie Siemens, à quatre kilomètres d'Auschwitz-Birkenau et où travailla notamment Simone Veil. Elle montre des prisonniers construisant des pièces d'avions, dans la section des machines. Ce document a été trouvé sur le ce site.

Les objectifs sont ici de montrer les évolutions, les finalités et la pluralité des déportations qui commencent dès la fin 1939, pour le IIIe Reich, en Pologne (document n°1) dans le but de la germaniser, "l'aryaniser", de mettre en évidence et en lien la chronologie des événements et notamment celle de la Seconde Guerre mondiale (ex : opération Barbarossa et ses conséquences mentionnées avec le document n°2) et la pluralité des concentrationnaires (voir bordure de la fresque) qui viennent progressivement de toute l'Europe  (document n°2, document n°4 qui montre bien qu'à partir du début de 1942, les ghettos alimentent les centres de mise à mort de l'Est polonais et le document n°5 qui symbolise ici l'arrivée massive de résistants d'Europe de l'Ouest à partir de 1943).


Ces déportés sont condamnés, en fonction des finalités recherchées et du contexte, à partir de janvier 1942, à la chambre à gaz (extermination des juifs), dans le cadre de la "solution finale" (documents n°3 et n°4), au travail forcé qui s'intensifie notamment dès 1943 (car évolution du conflit en "guerre totale") avec un besoin accru en main-d’œuvre servile (document n°6), les déportations à finalité répressive fournissant la main d’œuvre pour l'effort de guerre allemand.

Au-dessous de la partie Répressions, l'échelle locale

Concernant les documents mentionnés :

Le document n°1 est une photographie du Sous-Préfet Abeille. Nous l'avons trouvée sur le site internet du Musée de l'Ordre de la Libération-Musée national des Invalides.

Le document n°2 est une photographie de l'Abbaye de Dammarie-les-Lys où des juifs d'origine étrangère ont été emprisonnés. Les Archives départementales de Dammarie-les-Lys viennent tout dernièrement de retrouver un document confirmant l'existence de cette prison, avant leur trasnfert vers d'autres camps de transit, antichambres de la mort.

Le document n°3 est une photographie du monument inauguré en 1981 en souvenir des cinq résistants fusillés le 08 novembre 1941, en forêt de Fontainebleau, entre Chailly-en-Bière et Dammarie-les-Lys. Y est inscrit : "A la mémoire des Résistants fusillés le 08 novembre 1941 Messence Gaston, Leguay Georges, Berger Pierre, Marneux Marcel, Robba Clotaire, Morts pour la France".

Le document n°4 est une photographie de George Mandel prise en 1932 et prise sur le site de la BNF Gallica.

Le document n°5 est une photographie de l'une deux stèles d'hommage aux fusillés de la plaine Chanfroy, près d'Arbonne. Y est écrit : "Le 17 août 1944, 14 Français sont morts pour que vive la France".

Le document n°6 est une photographie de la stèle rendant hommage aux cinq oblats tués par la Gestapo. Y est écrit : " Dans ce village, cinq missionnaires oblats de Marie muets sous la torture ont été abattus le 24 juillet 1944. Ils voulaient que vienne la civilisation de l'Amour".

Ces six documents liés à l'histoire départementale et locale permettent, à leur tour, de mettre de nouveau en évidence les trois périodes mentionnées à l'échelle nationale et européenne :

 

1940-Juin 1941 : Exclusion de ceux jugés dangereux ainsi qu'indésirables et répressions, mises en avant avec les documents n°1 et n°2.

Valentin Abeille (document n°1) a été Sous-Préfet de Provins jusqu'au 8 janvier 1941, jour où il est relevé de ses fonctions par le Régime de Vichy à cause de son appartenance à la franc-maçonnerie, avant de devenir un grand résistant. Il réussit notamment à regrouper les forces militaires d'organisations de résistance de 14 départements. Il est arrêté à Paris, le 31 mai 1944, par la Gestapo à qui il essaie d'échapper. Il est alors abattu d'une rafale de pistolet-mitrailleur. Il meurt le surlendemain, sans prononcer un seul mot.

Concernant le document n°2, il est à noter que les premières ordonnances allemandes antisémites se mettent en place, en zone occupée, dès septembre 1940. Suite à ces premières mesures sur le statut des Juifs, les Préfets sont habilités à prévoir, sur décision administrative, l'internement des étrangers de confession juive. En juin 1941, la mesure d'internement est élargie aux Juifs français. Les premiers internés sont détenus à l'Abbaye de Dammarie-les-Lys, à partir du 16 juillet 1941. Ce site devient un camp de transit avant le renvoi vers d'autres camps comme Beaune-La-Rolande, Pithiviers ou Drancy. Six Juifs de Chelles, un de Coubert et un du Vaudoué y transitèrent, avant de mourir à Auschwitz. Ils appartenaient au Convoi n° 6 qui fut aussi mortel pour l’un des résidents d’Avon : Zelik Krengiel.

 

Été 1941-1943 : Évolution en "guerre totale". Guerre d'anéantissement marquée entre autres par l'intensification des répressions avec notamment la multiplication des traques, des arrestations, des condamnations à mort, etc des résistants dont le nombre augmente, des juifs, des communistes ou censés l'être, etc (document n°3).

 

1944-1945 : La guerre tourne en faveur des Alliés. Déchainement répressif, terreur et répressions tous azimuts et de plus en plus violentes (documents n°1, n°4, n°5 et n°6).

Cette flambée de violence liée au débarquement des Alliés, à la bataille de France, à la multiplication des actions de résistance, etc marqua dramatiquement l'histoire locale au cours des années 1944-1945, où un climat de peur et de terreur se développa en raison, par exemple, de l'assassinat de Georges Mandel, le 7 juillet 1944, en forêt de Fontainebleau, par la Milice (document n°4), des Fusillés de la Plaine de Chanfroy (document n°5) et de l'assassinat de cinq oblats à La Brosse-Montceaux (document n°6).

Au-dessous de la partie Déportations, l'échelle locale

Concernant les documents sélectionnés :

Le document n°1 est conservé aux Archives départementales de Seine-et-Marne (SC 27135). Il présente la liste des déportés de Montereau-Fault-Yonne morts en Allemagne. Ce document n’est pas daté précisément mais est de 1945. Juste après la guerre, les autorités confondaient dans la même catégorie les déportés dans les camps de concentration et les requis du Service du travail obligatoire.

Le document n°2 est aussi est conservé aux Archives départementales de Seine-et-Marne (M11409). Ce rapport de la gendarmerie nationale de Fontainebleau daté du 18 janvier 1944 et adressé au Préfet de Seine-et-Marne à Melun évoque une « affaire de fausses identités et de camouflage de juifs », l’arrestation de trois enfants juifs au Collège des Carmes d'Avon ainsi que celle du Père Jacques.

Le document n°3 est une photographie de la plaque de rue rendant hommage à Raymond Frot, à Montigny-sur-Loing.

Le document n°4 est une photographie de la plaque commémorative rendant hommage au Marquis de Roys et à son épouse. Y est écrit : "A la mémoire de René Marquis de Roys (1898-1945), Lt. Colonel de Cavalerie, Chef de groupe des F.F.I., mort pour la France en déportation, au camp d'Ellrich, et à son épouse Thérèse Geoffroy, Marquise de Roys (1907-1984), Justes parmi les Nations. Cette plaque a été inaugurée le 29 avril 2012 par le Conseil Municipal".

Le document n°5 est une photographie de Rémy Dumoncel prise sur le site internet du Comité Français pour Yad Vaschem.

Le document n°6 est une photographie de la stèle du souvenir située dans le carré israélite du cimetière municipal de Fontainebleau rendant hommage aux 58 juifs déportés de la commune. Y est entre autres gravé : "A nos morts pour la France victimes des nazis déportés dans les camps de la mort 1939-1945".

Ces six documents concourent tous au même objectif qui est ici de montrer les évolutions, les finalités et les pluralités des déportations à l'échelle locale.

 

La "guerre des partisans" ou contre tous ceux censés l'être est symbolisée par le document n°1 avec notamment René Trillaut, entre autres agent de liaison dans une organisation communiste clandestine. Le dimanche 19 octobre 1941, il est arrêté à son domicile dans le cadre d’une vague d’arrestations décidée par l’occupant contre des communistes de Seine-et-Marne, pris comme otages en représailles de distributions de tracts et de destructions de récolte dans le département. Il fait parti du convoi du 6 juillet 1942 dit des 45 000 et meurt à Auschwitz le 24 octobre 1942.

 

Le sud seine-et-Marnais a aussi été le théâtre d’arrestations de juifs exterminés dans le cadre de la "solution finale" (documents n°2 et n°6). Le document n°2 évoque Jacques Halpern, Hans-Helmut Michel et Maurice Schlosser, trois enfants juifs cachés dans le collège des Carmes d’Avon par le Père-Jacques qui ont été arrêtés par la Gestapo le 15 janvier 1944 et déportés à Auschwitz-Birkenau. Ils ont été assassinés par gaz le jour même de leur arrivée le 6 février 1944. Louis Malle leur rend hommage, en 1987, dans son film Au-revoir les enfants.

 

L'intensification des violences et des déportations répressives (documents n°1, n°3, n°4 et n°5), à partir de 1943, se traduit notamment localement par la traque de résistants même dans de petits villages comme Montigny-sur-Loing et leur déportation dans les camps comme main d’œuvre servile au service de l'effort de guerre allemand. Concernant la résistance en Seine-et-Marne, il est intéressant de noter que certains groupements prennent progressivement de l'ampleur et se transforment même en "unités combattantes". Il en est ainsi pour "les Volontaires Paysans et Ouvriers", mouvement qui s'étend vers Nemours, Voulx, Lorrez, Bourron-Marlotte, Montigny-sur-Loing puis vers Villecerf, Château-Landon, Beaumont et La Chapelle-la-Reine et qui gère plusieurs parachutages. Raymond Frot, cafétier de Montigny-sur-Loing, en faisait partie (document n°3). Il est déporté sur Mauthausen le 25 février 1944 et affecté le 12 mai au chantier de Güsen II pour aménager une usine souterraine de production d'armements.

Un deuxième exemple local prouve également cette intensification des traques et arrestations des résistants, au cours de cette période. Jacques Lepesme (document n°1), né en 1904 à Montereau, appartient au mouvement Résistance. Il confectionne de faux documents et recherche des renseignements. Son groupe comprend une quarantaine de personnes à la Libération. Mais Lepesme est arrêté et déporté (comme onze autres Monterelais qui n'en reviendront pas), en avril 1944, à Neuengamme puis à Bergen-Belsen où il meurt le 30 avril 1945.

 

Yad Vashem a décerné à plusieurs résistants locaux le titre de Justes parmi les Nations et, parmi eux, le Marquis de Roys et son épouse (document n°4). Le château de Saint-Ange à Villecerf était le domaine familial des marquis de Roys. Sous l’Occupation, le marquis est René de Roys, fondateur et animateur du premier groupe de résistance de la région. Il habite au château avec la marquise Henriette de Roys et leurs quatre enfants. En juillet 1942, René de Roys engage une gouvernante, Estéra Sztrumpfman, son mari, Simon, réfugié juif de Pologne comme son épouse et leur petite fille Jeannette qui n'arrive à Villecerf qu'à partir du 10 mai 1943. Le 4 août 1944, suite à une dénonciation, le château est fouillé par des Allemands et des miliciens, tandis que le marquis est arrêté pour ses activités résistantes (et sans que personne ne découvre qu'il hébergeait des Juifs). Déporté au camp de Dora-Ellrich, il y est assassiné. Simon Sztrumpfman, combattant dans le bataillon FTP Carmagnole-Liberté est arrêté à Lyon et fusillé le 24 avril 1944.

Rémy Dumoncel (document n°5) fut aussi élevé au rang de Juste parmi les Nations. Maire d'Avon et résistant au sein du réseau Vélites-Thermopyles, il aide les familles juives, les résistants, les réfractaires, etc. La majorité de l'équipe municipale le soutient dans ses actions et l'aide à établir des faux papiers et à trouver des refuges. Le 4 mai 1944, alors que les arrestations se multiplient, il est averti de la sienne. De retour de Paris, Wilhem Korf l'arrête à la gare d'Avon. Emprisonné à Fontainebleau, il est déporté à Neuengamme, en Allemagne, où il meurt d'épuisement le 15 mars 1945.

 Photographie prise par Mathéo, élève de MMV1, de la plaque posée à la mémoire et en l'honneur de Rémy Dumoncel sur le quai voie 1 de la gare Fontainebleau-Avon. 

"Sur le quai le 4 mai 1944

Rémy Dumoncel

Maire d'Avon

        a été arrêté par la Gestapo

       en revenant de Paris

             Déporté il est mort au camp

                                                             de Neuengamme le 15 mars 1945"

 

Au centre de la fresque : deux cartes

Afin relier et d'articuler Répressions et Déportations mais aussi de travailler sur tous les espaces sous-entendus par le sujet du CNRD et à différentes échelles, deux cartes sont placées au centre de la fresque :

- une carte de l'Europe concentrationnaire qui s’enroule vers le haut comme un store,

- dessous, une carte de la Seine-et-Marne en lien avec notre thème et présentant entre autres des résistants, des réseaux et des répressions qui se sont passées dans ce département entre 1939 et 1945.